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29 mars 2015 7 29 /03 /mars /2015 12:06
Monts Simien, Ethiopie: babouin Gelada

Monts Simien, Ethiopie: babouin Gelada

Randonnée de dix jours dans les montagnes du nord de l’Éthiopie: reliefs en folie, petites bêtes des montagnes et dépaysement total.

Ethiopie, Gonder, Debark et carte des monts Simien
Ethiopie, Gonder, Debark et carte des monts Simien

Ethiopie, Gonder, Debark et carte des monts Simien

Départ

7 février, nouveau départ. Juste de retour du Yunnan et du Portugal, je ne me suis pas bien préparé. La session paquetage est un peu machinale, avec la liste du Khumbu comme fil rouge. C'est la deuxième sortie Africaine pour le sac à dos Vaude que j'ai emmené au Kilimandjaro il y a juste un an. A Lavaux, en descendant prendre le train, la bise souffle sur la neige dure. Glacial !

Debark, porte des monts Simien

Le 8 février, au petit matin, j'attends le vol pour Gonder au terminal des lignes intérieures de l'aéroport d'Addis Abeba. La nuit était courte. Un dernier coup d'aile, Gismu est à l'arrivée, mon bagage aussi. Un déjeuner de haricots aux piments à Gonder et on prend la route pour Debark, une centaine de kilomètres au nord, par une grande route asphaltée.

Au bureau du parc, on trouve Mitiku le guide, Braham le scout, Abidjo le cuisinier et Birara l'aide-cuisinier. Encore une vingtaine de kilomètres de piste avant le...

Ethiopie - Parc national des monts Simien, carte de randonnée de l'Université de Berne
Ethiopie - Parc national des monts Simien, carte de randonnée de l'Université de Berne

Ethiopie - Parc national des monts Simien, carte de randonnée de l'Université de Berne

Tout à coup, à la sortie d'un tournant inattendu, la voiture se heurte au plus étrange et au plus merveilleux des paysages: les Alpes. Les Dolomites. Mais des Dolomites prises de folie. D'énormes masses de pierre sanglante oscillent à l'horizon. Si légères qu'un souffle de vent pourrait les faire s'envoler. Des cloches pierreuses comme d'immenses crinolines. Ces montagnes bougent, marchent. Elles agitent leurs très longs bras, tournent sur elles-mêmes. C'est le massif du Simien, disposé en étoile autour du Ras Dachan qui culmine à cinq mille mètres. Elles s'évanouissent, réapparaissent, se poursuivent. Elles bougent doucement, avec une lenteur inquiétante, comme d'immenses créatures aux yeux bandés. Elles se battent, se donnent la chasse...

Curzio Malaparte, Voyage en Ethiopie

Parc National des Monts Simien

Réserve de chasse Royale depuis 1944, le parc a été fondé en 1966 et promu au patrimoine mondial en 1978. Il occupe 412 km2 entre 1900 et 4533 m d'altitude.

Il y a 25 à 40 millions d'années, un volcan a fait éruption sur 5'000 m2 et a déposé 3000 m d'épaisseur de basalte sur le socle précambrien. L'érosion est passée par là, il reste les bords du volcan et un un relief chaotique au-dessous.

C'est le pays des gypaètes, des loups, des babouins geladas et des bouquetins walia. Il y a aussi des léopards...

C'était le pays des Fallashas ; maintenant ils ont tous émigré. Les Amharas habitant le parc et ses environs sont chrétiens orthodoxes, avec une minorité musulmane qui vit en paix et bon voisinage.

La première étape est courte : juste deux heures. Avec un mal de tête de l'avion et le souffle un peu court, on y va doucement, par le bord de la falaise jusqu'au camp de Sankaber: pique-nique avec ballet de milans noirs et vautours qui froufroutent en passant au-dessus de nos têtes, perspectives sur la falaise et les terres basses là-bas dans la brume.

Ethiopie, monts Simien, la falaise à Sankaber
Ethiopie, monts Simien, la falaise à Sankaber
Ethiopie, monts Simien, la falaise à Sankaber
Ethiopie, monts Simien, la falaise à Sankaber

Ethiopie, monts Simien, la falaise à Sankaber

A l'arrivée au camp, la tente est montée et le thé est servi avec pop-corn. Je mets mes affaires en ordre en pacifiant tant bien que mal mon système digestif fâché par le voyage. Après le coucher du soleil, Abidjo nous sert, à Mitu et moi, le souper sous les étoiles. On bavarde un petit moment avec l'équipe autour du feu de la hutte-cuisine puis dodo, avec toutes les affaires dans la tente, attention aux chacals rôdeurs.

Ethiopie, monts Simien: cascade de Jinbar, gypaète barbu
Ethiopie, monts Simien: cascade de Jinbar, gypaète barbu
Ethiopie, monts Simien: cascade de Jinbar, gypaète barbu
Ethiopie, monts Simien: cascade de Jinbar, gypaète barbu

Ethiopie, monts Simien: cascade de Jinbar, gypaète barbu

9 février : après une bonne nuit, juste interrompue par le regonflage périodique du matelas pneumatique qui fuit, le matin est clair, le camp est tout calme. On le partage juste avec un couple d'Américains. Mitu dit qu'en haute saison, d'octobre à fin décembre, il y a facilement 150 tentes...

De Sankaber à Geech

Les muletiers Belete et Molla nous ont rejoints. Quelques crêpes et tartines, et on part tranquillement à huit heures par le sentier du bord de falaise, en montant et descendant, puis en descendant sur un point panoramique, Deche Nedaa, face à la cascade de Jinbar, un petit filet d'eau en saison sèche mais qui tombe quand même de 500 m. Les gypaètes jouent dans les courants d'air.

On remonte sur la route, on la suit vingt minutes puis on oblique à gauche pour arriver dans le lit de la Jinbar Wenz, petit torrent frais, bain de pieds dans l'eau glacée. On a quitté les bois de bruyères géantes en remontant sur la route. Ici, c'est des terrasses cultivées avec courage : orge, choux, haricots, patates. Maintenant, tout est juste labouré, en attente des pluies d'avril.

Ethiopie, monts Simien, rivière de Jinbar et café à Geech
Ethiopie, monts Simien, rivière de Jinbar et café à Geech
Ethiopie, monts Simien, rivière de Jinbar et café à Geech
Ethiopie, monts Simien, rivière de Jinbar et café à Geech

Ethiopie, monts Simien, rivière de Jinbar et café à Geech

Le bain de pieds devient grande pause pique-nique. Mitu étudie les oiseaux, Braham fait sa lessive. Des passants, des chevaux, des troupeaux de chèvres, une famille de touristes Allemands, tout un petit monde est au bord de la rivière ce midi.

A la chaude, on se fait 500 m de montée jusqu'à Geech, village musulman de 1200 habitants. On s'arrête pour un café (buna) traditionnel dans un toukoul, la hutte ronde, obscur et enfumé. La dame lave le café à l'eau chaude, puis le torréfie, l'écrase dans un mortier et le sert trois fois, comme le thé au Sahara, avec l'injera, grande galette de tef, et le piment. La famille de huit personnes avec grands-parents vit ici avec le cheval, les chèvres, les poules et les mouches. Les chambres sont dans la mezzanine au-dessus de l'écurie.

A partir du village de Geech, c'est le pays des lobélias. Les fleurs ont séché, les villageois les ont coupées pour le feu, ça pique moins les yeux que les bouses qui forment le carburant habituel dans ces maisons à foyer sans cheminée. Pour préparer le café, la dame brûlait de l'eucalyptus, plantations de reboisement abondantes à Debark, plus rares dans le parc mais avec de grands bouquets à Geech. Mitu dit que tous ces eucalyptus assèchent les terres.

Ethiopie, monts Simien, au camp de Geech
Ethiopie, monts Simien, au camp de Geech
Ethiopie, monts Simien, au camp de Geech
Ethiopie, monts Simien, au camp de Geech

Ethiopie, monts Simien, au camp de Geech

Geech et Imet Gogo

Après le café, il y a encore vingt minutes de marche au-dessus du village pour arriver au camp, sur un plateau pelé. Le staff est déjà installé, a planté la tente. On retrouve aussi les Américains et un groupe de Russes, trois jeunes à budget minimal qui courent le monde à l'aventure. Abidjo me sert le thé et de l'orge grillée sous un bouquet de lobélias, puis je pars pour une promenade de l'après-midi jusqu'à la crête au-dessus du camp. A la descente, je tombe sur une famille de babouins geladas qui broutent tranquillement, puis sur le troupeau qui descend de l'alpage. Le coucher de soleil est juste parfait. Le souper est servi dans une chambre miniature de la maison en pierres du camp, puis on finit la soirée au coin du feu de la cuisine.

L'Amharique est une langue ardue. Je n'irai pas beaucoup plus loin que bon matin – i'ndemin aderik ? Et bonne nuit – ahena adara, avec aussi, c'est facile, salaam pour bonjour et ciao pour au-revoir.

10 février, encore une bonne nuit par morceaux, entre les regonflages de matelas. 8°C le matin dans la tente, les Russes avaient dit qu'il faisait froid ; mais avec le sac de couchage fermé, pas de problèmes.

Ethiopie, monts Simien, au camp de Geech
Ethiopie, monts Simien, au camp de Geech
Ethiopie, monts Simien, au camp de Geech
Ethiopie, monts Simien, au camp de Geech

Ethiopie, monts Simien, au camp de Geech

Les scouts dorment en tas sous un gros bouquet de lobélias, probablement serrés contre leur fusil, c'est un métier pas facile. Les Russes sont un peu fâchés contre le leur, qui leur aurait laissé croire qu'ils pourraient faire du camion-stop pour rentrer à Debark. Vérification faite, ce n'est pas tout à fait ça.

Ethiopie, monts Simien, loup d'Abyssinie et gypaète barbu
Ethiopie, monts Simien, loup d'Abyssinie et gypaète barbu
Ethiopie, monts Simien, loup d'Abyssinie et gypaète barbu
Ethiopie, monts Simien, loup d'Abyssinie et gypaète barbu

Ethiopie, monts Simien, loup d'Abyssinie et gypaète barbu

La soleil se lève d'un coup sur le camp qui remue déjà bien. Toilette, déjeuner et départ pour Imet Gogo, par un sentier dans la pente herbeuse. Les gouilles sont gelées dans les creux, il a quand-même fait froid. On rejoint la famille d'Allemands vus hier à Jinbar.

Tout de suite dans le vallon, un loup puis un second, pas l'air trop stressés par notre présence, ils font ce qu'ils ont à faire avec les rats des champs puis s'en vont. On continue par un bon faux-plat jusqu'à un épaulement au bord de la falaise. Imet Gogo est là, au bout d'une arête rocheuse.

Le temps de faire le dessin, les Américains qui étaient au sommet sont redescendus, et les Allemands nous ont rattrapés. On s'engage sur l'arête, il faut mettre les mains mais rien de méchant. Par endroits, des échancrures dans l'arête font des fenêtres sur le relief volcanique en contrebas.

Ethiopie, monts Simien, Imet Gogo, 3800 m
Ethiopie, monts Simien, Imet Gogo, 3800 m
Ethiopie, monts Simien, Imet Gogo, 3800 m
Ethiopie, monts Simien, Imet Gogo, 3800 m

Ethiopie, monts Simien, Imet Gogo, 3800 m

Le sommet est une terrasse herbeuse avec panorama 360°. Mitu montre les étapes suivantes : Chennek, Bwahit, Ras Dashen, Sona et les basses vallées. Le massif est immense et le Ras Dashen est loin !

De nouveau, le temps de faire le dessin, les Allemands nous rejoignent sur la terrasse, puis deux filles Amharas qui sont venues se promener, sont montées à dos de mulets jusqu'au col.

On part à la descente, les deux filles font ami-ami avec Mitu, la plus dégourdie gazouille sans arrêt. Le chemin descend dans l'herbe en retrait de la falaise, traverse un grand groupe de babouins geladas en train de brouter, se chercher les puces et autres activités.

A un col, on s'engage sur une excroissance de la ligne de crête avec un panorama vertigineux sur la vallée de Saha, gorges et pitons de basalte. C'est un bon endroit pour la pause pique-nique.

Ethiopie, monts Simien, Imet Gogo, 3800 m
Ethiopie, monts Simien, Imet Gogo, 3800 m
Ethiopie, monts Simien, Imet Gogo, 3800 m
Ethiopie, monts Simien, Imet Gogo, 3800 m

Ethiopie, monts Simien, Imet Gogo, 3800 m

Ethiopie, monts Simien, Saha, 3750 m
Ethiopie, monts Simien, Saha, 3750 m
Ethiopie, monts Simien, Saha, 3750 m
Ethiopie, monts Simien, Saha, 3750 m

Ethiopie, monts Simien, Saha, 3750 m

Abidjo a fait des sandwiches chou-sardine, Mitu fait la grimace, n'aime pas le poisson, son repas fait le bonheur des filles. Le soleil tape fort ! Je suis bien content de mon inspiration du matin, d'échanger le t-shirt contre une chemise militaire. Je tartine mes mains et mon nez, tout rouges, de crème solaire indice 50.

Nous rentrons au camp aux heures chaudes. Abidjo nous attend avec le thé et des frites !

Ethiopie, monts Simien, sur les sentiers battus, bruyères, lichens et buvette à Geech
Ethiopie, monts Simien, sur les sentiers battus, bruyères, lichens et buvette à Geech
Ethiopie, monts Simien, sur les sentiers battus, bruyères, lichens et buvette à Geech
Ethiopie, monts Simien, sur les sentiers battus, bruyères, lichens et buvette à Geech

Ethiopie, monts Simien, sur les sentiers battus, bruyères, lichens et buvette à Geech

Parc National des Monts Simien, partie ouest, sur les sentiers battus : c'est la partie itinéraire court, avec possibilité de repartir de Chennek sur Debark par la route (commander l'auto à l'avance!) Les sentiers sont battus mais pas surpeuplés : vraiment on ne se marche pas dessus en février, mais il paraît qu'en octobre-novembre et pendant les vacances de Noël il peut y avoir du monde.

Je profite des heures chaudes pour prendre une douche, pas recommandée par Mitu (cold water) mais tout à fait agréable avec le soleil qui tape sur les tuyaux. Les villageois de Geech viennent avec ânes et mulets chercher l'eau à la douche du camp : leur fontaine est sèche.

Ethiopie, monts Simien, camp de Geech
Ethiopie, monts Simien, camp de Geech
Ethiopie, monts Simien, camp de Geech

Ethiopie, monts Simien, camp de Geech

Le camp se peuple ! Une fille seule, deux frères Français sympas, Vincent et Julien, une expédition de Français un peu empesés qui chasse Abidjo du toukoul-cuisine, une expédition de Russes un peu plus loin. Je fais conversation avec Vincent et Julien, Vincent vit à Addis, Gismu leur a organisé guide, scout et muletier pour quatre jours, pour le reste ils se débrouillent.

Braham me montre son fusil, un mousqueton Russe de 1944. Contrairement à ce que disait Mitu, il a de la munition. Les kalachs, c'est probablement pour les groupes plus nombreux. Le scout de l'expédition Française a un vieux fusil Italien de 1917.

Je suis un peu vaseux la fin d'après-midi, j'ai trop pris de soleil. Les moutons puis les bœufs descendent du pâturage. Les petits bergers s'arrêtent au-dessus du camp pour jouer un base-ball adapté au matériel et à la pente.

Ethiopie, monts Simien, coucher de soleil à Kedadit, 3760 m
Ethiopie, monts Simien, coucher de soleil à Kedadit, 3760 m
Ethiopie, monts Simien, coucher de soleil à Kedadit, 3760 m
Ethiopie, monts Simien, coucher de soleil à Kedadit, 3760 m

Ethiopie, monts Simien, coucher de soleil à Kedadit, 3760 m

Mitu m'emmène voir le coucher du soleil au petit sommet derrière le camp : Kedadit « la roche percée », 3760 m. Dans le chaos en bas de la falaise, les vallées s'enchaînent, deviennent dorées avant que le soleil plonge dans la brume.

11 février, Geech camp : le camp se réveille, un peu plus bruyant qu'hier. Les corbeaux font le ménage. Un d'entre eux s'est coincé un gros morceau de pain dans la gorge, crie le bec ouvert, un autre vient le décoincer. Le soleil se lève, éclaire quelques petits nuages en écharpes.

De Geech à Chennek

Déjeuner et départ, d'abord par le sentier d'Imet Gogo puis par une tangente en direction d'Inatye. Le sentier dégringole sur un col avec vue vertigineuse, puis monte dans les bruyères géantes couvertes de lichens, puis dans la pente herbeuse.

Ethiopie, monts Simien, par le bord de la falaise à Inatye, 4070 m
Ethiopie, monts Simien, par le bord de la falaise à Inatye, 4070 m
Ethiopie, monts Simien, par le bord de la falaise à Inatye, 4070 m
Ethiopie, monts Simien, par le bord de la falaise à Inatye, 4070 m

Ethiopie, monts Simien, par le bord de la falaise à Inatye, 4070 m

Le soleil tape dur, monter n'en finit pas. Une petite pause à une échancrure de la falaise, un dernier bout avec un groupe de babouins sous le sommet.

Le babouin gelada n'est pas très souriant, mais tout à fait paisible. Il se promène en bandes, occupé à déterrer des racines tendres et à chasser les puces. Il est végétarien. Il est un peu gêné quand on vient le prendre en photo sous son nez. Quand il se fâche, il retrousse les lèvres et montre ses très grandes dents ! Son triangle de peau rouge sur la poitrine lui sert à afficher son humeur. Il paraît qu'à la saison des amours les dames ont le triangle presque lumineux.

Ethiopie, monts Simien, babouins Gelada
Ethiopie, monts Simien, babouins Gelada
Ethiopie, monts Simien, babouins Gelada
Ethiopie, monts Simien, babouins Gelada

Ethiopie, monts Simien, babouins Gelada

Inatye, 4070 m, arrêt pique-nique. Les petits bergers accourent pour étaler un choix de bibelots poussiéreux.

Départ de l'après-midi pour Chennek avec Vincent et Julien, qui nous ont rejoints au sommet : deux heures de marche aux heures chaudes par un sentier qui suit plus ou moins les bords de la falaise, avec des perspectives verticales au passage des échancrures.

Ethiopie, monts Simien, d'Inatye à Chennek
Ethiopie, monts Simien, d'Inatye à Chennek
Ethiopie, monts Simien, d'Inatye à Chennek
Ethiopie, monts Simien, d'Inatye à Chennek

Ethiopie, monts Simien, d'Inatye à Chennek

Mitu s'arrête pour faire la leçon à deux gamins qui font des acrobaties dans la falaise pour ramasser des herbes.

On descend dans la forêt de bruyère et les talus herbeux. A chaque pause, des enfants accourent, des fois en montant en courant le talus plutôt raide. Mitu et Braham font régner l'ordre, Braham foudroie du regard une petite effrontée qui annonçait « fifty ».

A un arrêt-dessins, Julien sort son bloc et me colle des complexes avant d'avouer qu'il est designer. On ne court pas dans la même catégorie !

Une bagarre de babouins en bas dans la falaise met un peu d'animation. Quelques bouquetins se montrent sur un rocher, mais loin !

Ethiopie, monts Simien, au camp de Chennek
Ethiopie, monts Simien, au camp de Chennek
Ethiopie, monts Simien, au camp de Chennek
Ethiopie, monts Simien, au camp de Chennek

Ethiopie, monts Simien, au camp de Chennek

Cinq cents mètres de route poussiéreuse pour terminer cette étape, et on arrive au camp de Chennek, 3620 m, juste 20 m plus haut que Geech. Le site est un peu encaissé et poussiéreux mais donne une belle vue sur les falaises vers l'ouest. Au camp, on retrouve le couple Américain de Sankaber et Geech et les deux expéditions, Russe et Française. Une gigantesque expédition Britannique en bus tout-terrain est particulièrement impressionnante.

Fin d'après-midi tranquille au camp de Chennek. Une petite alerte à l'ibex : deux grandes cornes derrière un buisson mettent beaucoup de touristes en mouvement. Le bouquetin disparaît dans la falaise. Des babouins en remontent, broutent, font les timides devant les touristes, amusent les enfants du village, finissent par se battre. Souper, un bout de soirée autour du feu dans le toukoul-cuisine et dodo.

12 février : nuit moyenne dans la tente en pente et le bavardage des scouts, mais tampons pour oreilles et stilnox aidant, les heures de sommeil sont là. Déjeuner, au-revoir à Vincent, Julien et au couple Américain et départ pour le col de Bwahit.

Ethiopie, monts Simien, bouquetin Walia
Ethiopie, monts Simien, bouquetin Walia
Ethiopie, monts Simien, bouquetin Walia
Ethiopie, monts Simien, bouquetin Walia

Ethiopie, monts Simien, bouquetin Walia

De Chennek à Ambiko

On quitte Chennek en coupant les lacets de la route un peu poussiéreuse. Mitu est formel, il y a des bouquetins là ; et ça ne rate pas : un très beau walia ibex sort des buissons, se laisse admirer un moment, grande barbiche et pattes blanches, puis repart. Les expéditions Française et Russe qui nous avaient précédé par le fond du vallon ont eu moins de chance.

Le sentier monte au-dessus des lacets de la route, dans la pente jusqu'au col à 4200 m. Ouf, il fait chaud : pas vraiment envie de pousser jusqu'au sommet !

Ethiopie, monts Simien, descente du col de Bwahit sur la Mesheha Wenz
Ethiopie, monts Simien, descente du col de Bwahit sur la Mesheha Wenz
Ethiopie, monts Simien, descente du col de Bwahit sur la Mesheha Wenz
Ethiopie, monts Simien, descente du col de Bwahit sur la Mesheha Wenz

Ethiopie, monts Simien, descente du col de Bwahit sur la Mesheha Wenz

Du col, la vue s'étend à l'est vers le village de Chiro Leba en bas, le vallon d'Ambiko en face, et le Ras Dashen qui se cache beaucoup derrière la montagne sèche. Un vendeur de bibelots poussiéreux, sprites et cocas surgit ! Désolé de mon manque d'intérêt, il raconte qu'il est monté de Chiro Leba. Je le réconforte en lui montrant l'expédition Russe qui arrive.

La descente est longue et chaude. Un géologue serait ravi de voir la transition entre les laves en coussins du col et toutes sortes de strates jusqu'au fond de la vallée. Des champs labourés, des fermes accrochées à la pente, bouquets d'eucalyptus dans les creux, chèvres et moutons, petits bergers qui font claquer leur fouet.

On arrive à la route asphaltée, Chiro Leba, Green Land Hotel « we have soft drinks », arrêt dîner. Mitu peu enthousiasmé par les sandwiches chou-carottes-oignons d'Abidjo suggère une injera-mouton, option adoptée, rincée par une tournée de bière Dashen et clôturée par une petite sieste. Je me laisse convaincre par un café... costaud.

L'expédition Française arrive, fait un petit drame sur le prix des cocas. Nous partons par Chiro Leba que traverse la route toute neuve. Braham accoste ds prêtres qui écartent leurs couvertures pour le laisser baiser le crucifix qu'ils portent en sautoir. Nous descendons avec la foule des villageois par un raidillon et nous arrêtons pour un bain de pieds dans la Mesheha Wenz, 2800 m. Le staff passe, Abidjo et Birara un peu fatigués, le camion-stop n'a pas bien marché depuis Chennek.

Ethiopie, monts Simien, au camp d'Ambiko
Ethiopie, monts Simien, au camp d'Ambiko
Ethiopie, monts Simien, au camp d'Ambiko

Ethiopie, monts Simien, au camp d'Ambiko

Après le bain de pieds, il reste 400 m de remontée dans le versant ouest le long d'un ruisseau encombré d'algues, beurk. Il fait chaud et soif, ça se couvre un peu. On traverse le village d'Ambiko, pétarade d'un diesel, ce n'est pas un groupe électrogène mais un moulin, grande église ronde et colorée en contrebas du chemin, et on arrive au camp, 3200 m. Pas fâché de me changer, la chemise militaire a dépassé ses capacités d'absorption, est raide et crasseuse. Il y a une belle lumière rasante et quelques gouttes d'une pluie qui ne mouille pas. Le camp est un peu en pente, un peu bruyant. Mitu avait prévenu !

Ethiopie, monts Simien, montée au Ras Dashen, 4530 m
Ethiopie, monts Simien, montée au Ras Dashen, 4530 m
Ethiopie, monts Simien, montée au Ras Dashen, 4530 m
Ethiopie, monts Simien, montée au Ras Dashen, 4530 m

Ethiopie, monts Simien, montée au Ras Dashen, 4530 m

Conversation de voisinage avec l'expédition Russe : leur accompagnateur, qui fait soirée musicale avec sa guitare, est là pour la sixième fois. Son papa travaille chez LMZ et était à Boguchanskaya ! Après les Simien, quatre Russes sur les six prévoient de monter au Kilimandjaro. L'accompagnateur est en sandales, me demande si ça ira, fait valoir qu'il était chaussé comme ça pour monter au Kala Patthar !

Montée au Ras Dashen

13 février – Mitu a décidé qu'on partirait tard. Les Français sont déjà loin quand je me lève, en sortant de la tente je tombe sur les Russes qui démarrent. Toilette et déjeuner, départ à 5h10, à la frontale dans les raidillons poussiéreux et caillouteux. A 6h, les lumières de Mizma à droite et une frontale devant. C'est la Russe rousse en perdition, juste la force de souffler « normalna ». A 6h30 on passe les Russes, à 7h30 les Français et à 8h on est au col, mais je suis lessivé ! Braham sort de son sac une grosse casserole de pâtes-chou-carottes-oignons, mais c'est un peu raide à avaler et pas très riche en sucres rapides ! Heureusement le commerce local fonctionne, deux jeunes qui montent tenir buvette sous la falaise nous sortent des pepsis. Ça donne le tour, et on est au sommet après cinq heures de montée.

Ethiopie, monts Simien, Ras Dashen et descente à Ambiko
Ethiopie, monts Simien, Ras Dashen et descente à Ambiko
Ethiopie, monts Simien, Ras Dashen et descente à Ambiko
Ethiopie, monts Simien, Ras Dashen et descente à Ambiko

Ethiopie, monts Simien, Ras Dashen et descente à Ambiko

Le sommet est une arête de lave en coussins. Pour les cent derniers mètres, il faut mettre les mains et monter bravement. Braham saute de prise en prise comme un bouquetin avec ses sandales en plastique déchirées. La grimpette finale relance un peu l'intérêt de ce Ras Dashen qui ne serait autrement qu'une crête un peu plus haute que ses voisines. Il fait un bon soleil, un beau panorama 360°. Des corbeaux jouent dans les courants d'air, un groupe de babouins joue un peu plus loin sur la crête.

L'expédition Française arrive, on attaque la descente. A midi, Braham sort le reste de pâtes. Ça passe un peu mieux qu'à la montée.

Le temps se couvre, la route est interminable, les lacets qu'on avait coupés à la montée sont dissuasifs à la descente.

C'est maintenant bouché sur le Bwahit. En regardant derrière, on voit un gros orage de neige sur le Ras Dashen...

Arrivée au camp à 14h30, sous les applaudissement des staffs qui devaient parier sur leurs équipes respectives, et qui nous fleurissent de petits bouquets.

Le temps de laver les mains et les pieds, il commence à tomber quelques gouttes, puis des rafales de vent font voler la poussière. Bon timing !

Ethiopie, monts Simien, parc national partie est
Ethiopie, monts Simien, parc national partie est
Ethiopie, monts Simien, parc national partie est
Ethiopie, monts Simien, parc national partie est
Ethiopie, monts Simien, parc national partie est

Ethiopie, monts Simien, parc national partie est

Parc national des Monts Simien, partie est : Ras Dashen, le toit de l’Éthiopie et quatrième sommet d'Afrique. Les perspectives sont moins spectaculaires que dans la partie ouest, mais ce sommet a quand-même de l'allure, et la vallée d'Ambiko, hors du parc national, est bien plus vivante que le haut de la falaise : fermes dispersées, toute une population qui vit sa vie et regarde passer les touristes.

En repassant au retour la crête qui prolonge le Bwahit, on retrouvera la falaise, vue du bas cette fois : belle enfilade jusqu'à l'Imet Gogo.

Les villages et les fermes s'accrochent aux pentes jusqu'à près de 4000 m. Mitu explique que ça a commencé au début du XXème siècle, à cause de la pression sur les terres cultivables, avec une déforestation de ces pentes. Un problème à résoudre...

Explications de Mitu sur le statut de scout : il faut une éducation scolaire, une petite formation de police, et ensuite l'administration du parc organise le tournus, 10 jours par an pour chacun ! Pour Braham, ça veut dire qu'il fait toute son année avec nous. Ensuite, il retourne travailler à la ferme. Pour lui, c'était la première montée au Ras Dashen : il n'était jamais allé plus loin que Chennek.

Mitu, lui, travaille régulièrement avec Gismu mais aussi avec d'autres agences, ou encore en indépendant. Il a son propre matériel de camp. Il est en tournée 160 à 200 jours par an, ne voit pas beaucoup son garçon de trois ans ! Pendant les pluies, il étudie le droit il lui reste deux ans sur six. Son épouse est avocate à Debark.

Ethiopie, monts Simien, camp d'Ambiko
Ethiopie, monts Simien, camp d'Ambiko
Ethiopie, monts Simien, camp d'Ambiko

Ethiopie, monts Simien, camp d'Ambiko

La fin d'après-midi au camp d'Ambiko se passe au ralenti : gouttes de pluie, rafales de vent, poussière, aboiement des chiens et bavardages : un moment pour les aventures de Mma Ramotswe.

Il n'y a pas beaucoup d'ambiance ce soir. Heureusement il y a les chansons de l'accompagnateur Russe. Souper, lecture à la frontale et dodo, bercé par es aboiements des chiens du village.

D'Ambiko à Sona

14 février, nuit moyenne dans cette tente à double pente et ce camp sonore tôt le matin. Départ à 7h30, on rattrape les Français et les Russes dans la descente et on traverse la Mesheha Wenz encore dans l'ombre, la montée vers Chiro Leba est déjà chaude. A 9h30 Mitu s'arrête pour une injera shiro au Green Land Hotel, toujours bien poussiéreux. Les agents de sécurité du chantier de la route, kalach en bandoulière, s'intéressent soupçonneusement à mon petit plan du camp d'Ambiko.

Ethiopie, monts Simien, Chiro Leba et lobélias au-dessus
Ethiopie, monts Simien, Chiro Leba et lobélias au-dessus

Ethiopie, monts Simien, Chiro Leba et lobélias au-dessus

C'est la saint Valentin, un message de circonstance est attendu à la maison mais il n'y a pas de réseau GSM à Chiro Leba ! Ni d'électricité du reste.

Les Russes nous rejoignent pendant que Mitu mange son injera du matin « I like injera », sauf la rousse en perdition qui arrivera au dernier moment, à la recherche d'un mulet ou d'un camion.

Nous reprenons la route, d'abord par la belle nouvelle route, puis en coupant les lacets, puis en partant à droite dans le talus raide, aux heures chaudes.

Ethiopie, monts Simien, en remontant de Chiro Leba
Ethiopie, monts Simien, en remontant de Chiro Leba
Ethiopie, monts Simien, en remontant de Chiro Leba

Ethiopie, monts Simien, en remontant de Chiro Leba

Les crêtes s'enchaînent, à chacune il y en a une autre plus loin. C'est de nouveau le pays des lobélias. A midi, je propose un arrêt-buffet, après avoir vu la prochaine crête là bas au loin. Abidjo a varié sa recette, a ajouté des courgettes dans ses sandwiches chou-carottes-oignons... Pas le festin ; une plaque de chocolat noir 72% vient mettre une note de goût là-dessus.

De nouveau sortis de nulle part, des vendeurs de bibelots poussiéreux, et le même garçon qu'au col de Bwahit qui vient proposer des limonades...

Une bergère nous observe. Mitu l’appâte avec sa bouteille vide. Je surenchéris avec ma bouteille avec un fond d'eau, protestations véhémentes d'un passant qui trouve ça excessif ! Je délègue la question à Braham.

Nouveau départ. Crête après crête, on voit en contrebas à droite le village de Debirichwa qui tient son marché du samedi. Des files de villageois en remontent avec leurs mulets chargés de sacs.

Ethiopie, monts Simien, col d'Arkwasiye, 3750 m
Ethiopie, monts Simien, col d'Arkwasiye, 3750 m
Ethiopie, monts Simien, col d'Arkwasiye, 3750 m

Ethiopie, monts Simien, col d'Arkwasiye, 3750 m

Enfin la dernière crête, Arkwasiye : un groupe de montagnards est blotti là, c'est le seul endroit de la région avec couverture GSM... parfois. Ils montent des villages tout en bas pour téléphoner. J'envoie mon message à ma Valentine ! Mitu aussi en profite pour faire coucou à la maison.

Mystère, il y a des grands trous sur cette crête battue par les vents glacés. Tout d'un coup, un des téléphoneurs plonge dans un des trous, calepin et crayon à la main. Les trous, c'est pour s'abriter du vent !

Ethiopie, monts Simien, camp de Sona, 3400 m
Ethiopie, monts Simien, camp de Sona, 3400 m
Ethiopie, monts Simien, camp de Sona, 3400 m
Ethiopie, monts Simien, camp de Sona, 3400 m

Ethiopie, monts Simien, camp de Sona, 3400 m

On descend du col par le chemin de retour du marché. Les villageois avec leurs mulets se dispersent vers leurs fermes, un notable passe sur un cheval entravé à l'amble. On arrive au camp de Sona pour une fin d'après-midi ensoleillée.

Le camp est dans la cour d'une école primaire. Le staff a emprunté un pupitre pour moi. Le luxe ! L'aguillage de tabourets pliants cassés qui forme le mobilier de prestige du camp commençait à défaillir, la veille le potage s'était versé sur la couverture qui sert de nappe.

Ethiopie, monts Simien, camp de Sona, 3400 m
Ethiopie, monts Simien, camp de Sona, 3400 m
Ethiopie, monts Simien, camp de Sona, 3400 m
Ethiopie, monts Simien, camp de Sona, 3400 m

Ethiopie, monts Simien, camp de Sona, 3400 m

Une fille vient, à bonne distance, déballer des bières. Problème, elle n'en a que quatre et on est sept. Mitu m'aide à négocier et après entente sur le prix, la fille court au village sur la prochaine crête et revient avec ce qu'il faut. Le staff est content, pose pour la photo et je finis l'après-midi en mettant mon carnet en ordre face à un panorama fastueux.

A l'est c'est tout bouché et ça tonne : de l'orage sur le Ras Dashen et peut-être aussi à Ambiko ! Le coucher de soleil est doré sous les nuages, et le froid vient juste derrière.

Le souper est servi à l'intérieur, dans la salle de classe qui accueille normalement une trentaine d'enfants, la plupart assis par terre. Mitu explique qu'il y a huit ans de scolarité obligatoire. A la campagne, les enfants commencent à sept ou huit ans, jusque-là ils sont bergers. Dehors, il tombe quelques gouttes.

De Sona à Mekarebya

15 février, les nuages se dissipent vite après une petite pluie à l'aube, et la lumière du matin sur les falaises fait un beau décor pour le déjeuner.

Une petite fille toute endimanchée nous accompagne. Le chemin part le long de la crête, passe par une église avec une petite assemblée du dimanche sous l'arbre. Les prêtres en turban blanc se relaient pour lire la bonne parole.

Ethiopie, monts Simien, descente sur l'Ansiya Wenz
Ethiopie, monts Simien, descente sur l'Ansiya Wenz
Ethiopie, monts Simien, descente sur l'Ansiya Wenz
Ethiopie, monts Simien, descente sur l'Ansiya Wenz

Ethiopie, monts Simien, descente sur l'Ansiya Wenz

On croise une foule qui remonte du marché d'hier. Je comprends pourquoi ils ont remis leur retour au matin : on attaque la descente de la falaise, 1600 m de raidillon poussiéreux. La chaleur monte, la végétation se transforme : acacias à épines, palmiers, plus bas des énormes figuiers, plein de petites fleurs, et aussi les mouches arrivent.

Une petite grotte invite à la pause. Il y a encore une heure de descente. Un grand groupe de babouins s'ébat sur une terrasse un peu plus loin. Mitu est soucieux. Le sentier passera juste à côté, et il lui semble que ce ne sont pas des geladas, mais plutôt la variété agressive. Pour finir, le temps qu'on arrive là, ils seront partis.

Enfin on arrive à la rivière, Ansiya Wenz, 1800m : baignade bienvenue dans les petites chutes d'eau, un peu de lessive. On reste à paresser au soleil tamisé pendant que les vêtements sèchent.

Ethiopie, monts Simien, Ansiya Wenz
Ethiopie, monts Simien, Ansiya Wenz
Ethiopie, monts Simien, Ansiya Wenz
Ethiopie, monts Simien, Ansiya Wenz

Ethiopie, monts Simien, Ansiya Wenz

Pendant ce temps, un petit marché artisanal se met en place sous le gros figuier, et des enfants viennent faire la lessive dans la rivière.

Braham a de nouveau transporté la casserole pique-nique pour la descente de la falaise. Le staff nous rejoint, Birara sert le riz avec thon. Mitu doit faire la tête devant son assiette.

Les affaires sont sèches, le soleil donne bien même avec quelques nuages. On repart, deux heures théoriques pour Mekarebya, en réalité une heure quinze en remontant un peu en rive gauche. La vallée s'évase, les chicots qui prolongent les crêtes, qui avaient l'air tout petits vus d'en haut, font un décor de tours et de châteaux de chaque côté.

Ethiopie, monts Simien, camp de Mekarebya, 2000 m
Ethiopie, monts Simien, camp de Mekarebya, 2000 m
Ethiopie, monts Simien, camp de Mekarebya, 2000 m
Ethiopie, monts Simien, camp de Mekarebya, 2000 m

Ethiopie, monts Simien, camp de Mekarebya, 2000 m

C'est très agricole aussi : champs labourés, bœufs (pas les mêmes qu'en haut ; ici les mâles font un peu zébus avec leur grosse bosse), paniers-ruches dans les arbres. Les gens ne font rien avec es palmiers. Ils prennent juste les épines de palmes comme cure-dents.

Une source dans un creux de terrain, les villageois remplissent des bidons. Dix minutes de plus et c'est le village de Mekarebya, le camp est au bout. Bien sûr, étalage de bibelots et commentaires des badauds. A part la descente de la falaise, ça nous fait une journée facile.

Le soir, chant des grillons et quelques gouttes qui ne mouillent pas. Une poule du village s'invite au menu. Nous soupons sous une tonnelle devant la maison qui abrite la cuisine.

Ethiopie, monts Simien, en sortant du parc national vers Adi Arkay
Ethiopie, monts Simien, en sortant du parc national vers Adi Arkay
Ethiopie, monts Simien, en sortant du parc national vers Adi Arkay
Ethiopie, monts Simien, en sortant du parc national vers Adi Arkay
Ethiopie, monts Simien, en sortant du parc national vers Adi Arkay

Ethiopie, monts Simien, en sortant du parc national vers Adi Arkay

Monts Simien, vers la sortie, les derniers jours sont hors du parc national. Le gros point fort de cette partie est la baignade dans l'Ansiya Wenz en bas de la falaise. Il y a peu de rencontres animales, le sentier passe par des villages retirés de tout, sans électricité ni fontaine. Peu de panneaux solaires et de lampes à pétrole, les gens fonctionnent principalement à la bougie. Les passants de nuit s'éclairent avec leur téléphone... qui sert surtout à ça : pas de réseau GSM, il faut monter sur les crêtes pour avoir du signal. Mais comment font-ils pour recharger la batterie ? Facile : ils confient le téléphone à quelqu'un qui va à Adi Arkay !

Les sources sont peu protégées, l'eau est vite souillée par les animaux. Aucune épuration bien sûr. Même avec une population éparse, les rivières sont garnies d'algues peu engageantes.

Et en cas d'urgence médicale, il y a des dispensaires mais pour les affaires plus sérieuses c'est Debark ou Gonder. Mitu raconte qu'il a eu un client une fois qui s'est cassé la jambe...

De Mekarebya à Mulit

16 février, nuit moyenne, le camp est bruyant le matin et la fuite du matelas s'aggrave. Le matin, il tombe quelques gouttes et l'expédition Française se lève en fanfare. Mitu veut partir tôt, je négocie quand-même d'attendre 6h30 et le petit jour.

Aujourd'hui, c'est le premier jour du carême Amhara : 55 jours jusqu'à Pâques, le seul produit animal autorisé est le miel. Mitu doit renoncer à ses quatre cuillerées de lait en poudre dans son thé.

Ethiopie, monts Simien: Ansiya Wenz, Derek Wenz et Ted Amba
Ethiopie, monts Simien: Ansiya Wenz, Derek Wenz et Ted Amba
Ethiopie, monts Simien: Ansiya Wenz, Derek Wenz et Ted Amba
Ethiopie, monts Simien: Ansiya Wenz, Derek Wenz et Ted Amba

Ethiopie, monts Simien: Ansiya Wenz, Derek Wenz et Ted Amba

On déjeune à la frontale et on attaque la descente raide vers l'Ansiya Wenz. Au fond, on trouve les Français, leur guide un peu perdu se demande par quelle vallée il faut remonter.

On suit le lit de la rivière sur un grand bout. La végétation change encore : toujours des très grands figuiers, mais aussi des calotropis avec des fruits énormes, des lauriers, et encore de nouvelles petites fleurs.

Il fait un peu couvert ce matin. Tant mieux ; sinon on ne tarderait pas à être cuits.

Le chemin dégage vers la droite,monte un peu, et à l'entrée de la vallée de la Derek Wenz on trouve la vue sur le Ted Amba (le Mont Ted) qui accroche la lumière. Il y a plein de passants, tout un monde à pied de village en village.

Ethiopie, monts Simien, en remontant de l'Ansiya Wenz vers Hawaza
Ethiopie, monts Simien, en remontant de l'Ansiya Wenz vers Hawaza
Ethiopie, monts Simien, en remontant de l'Ansiya Wenz vers Hawaza

Ethiopie, monts Simien, en remontant de l'Ansiya Wenz vers Hawaza

Au fond de la vallée de la Derek, c'est le raidillon qui commence : seulement 400 m, mais très raide et il fait chaud, et puis Mitu s'amuse à battre ses records de vitesse avec touriste. Un gros ouf sur une terrasse en haut du raidillon ! Derrière les chicots, vers le sud, une crête puis derrière une autre crête, le Kedadit d'où on regardait ce dédale de vallées et de pics au coucher du soleil mardi dernier.

Ethiopie, monts Simien, Hawaza
Ethiopie, monts Simien, Hawaza
Ethiopie, monts Simien, Hawaza
Ethiopie, monts Simien, Hawaza

Ethiopie, monts Simien, Hawaza

Encore quelques minutes et c'est le village de Hawaza : école et auberge sous un auvent de branches tressées. Je suggère une injera et une bière. Pas de bière mais Mitu et la patronne préparent une très bonne sauce aux tomates cerises et piments. Abidjo et Birara arrivent, un peu vexés avec leur casserole de lentilles et pâtes que je goûte poliment. C'est mieux que le sandwich chou-carottes-oignons, mais l'injera était meilleure !

Midi, on repart pour une heure chaude mais avec un bon courant d'air frais sur la crête, autour d'un gros chicot. Mitu s'amuse à faire croire à Braham que le camp est en haut. Les nuages se sont complètement dissous, il fait un grand soleil.

Le village de Mulit est au bout de la crête. Le camp est dans un grand enclos. On s'enfile tout de suite dans la maison du tenancier, qui fait aussi grenier avec grands vases à millet et à sorgho, et débit de bissons avec bancs le long des murs et capsules de bière incrustées dans le sol de terre battue. La patronne sert de grandes rasades de tella, bière de millet épaisse et acidulée, dans des calebasses avec une boîte de conserve pour la poser par terre. Braham boit sa tella sur le pas de la porte, le fusil à la main et un œil sur mon sac.

La patronne prépare le café. C'est un après-midi calme, tout le monde décompresse dans la chaleur et la tella. Une chèvre qui se croyait en sécurité apprend à son grand dam que les Français ne fond pas carême. Sa peau va sécher sur un bâton.

Ethiopie, monts Simien, camp de Mulit
Ethiopie, monts Simien, camp de Mulit
Ethiopie, monts Simien, camp de Mulit
Ethiopie, monts Simien, camp de Mulit

Ethiopie, monts Simien, camp de Mulit

Après le dernier souper, une petite fête : feu de camp, gamins du village qui viennent danser, un garçon a apporté son masenqo, luth à une corde. Folle ambiance, une tournée de Dashen aidant. C'est aussi le moment des discours, éloges et pourboires, puis dodo.

Ethiopie, monts Simien, la vie au camp
Ethiopie, monts Simien, la vie au camp

Ethiopie, monts Simien, la vie au camp

La vie en randonnée dans les monts Simien

Le matin commence avec une visite au petit coin, latrines sèches assez bien tenues malgré l'occasionnel mauvais viseur. Ensuite c'est la toilette, un pot d'eau tiède et une bassine. Au fil des jours, l'eau devient froide et la bassine disparaît. Ensuite c'est un plateau déjeuner pour Mitu et moi, avec pain frais, miel, confiture, beurre de cacahuètes et thé au gingembre, avec quatre cuillers de sucre et quatre cuillers de lait en poudre pour Mitu. Je fais le gourmand et commande des crêpes, effrayé par le porridge suggéré le premier jour.

Le mobilier est sobre : trois tabourets pliants dont un sert de table avec une couverture en guise de nappe. Les toiles de tabourets craquent l'une après l'autre, à Sona il n'y en a plus qu'un d'à peu près entier. Abidjo, Birara, Belete et Molla mangent de leur côté. Braham surveille. Quand Mitu et moi avons fini, il vient manger et boire ce qui reste...

Le soir, Abidjo fait des miracles avec un feu à gaz et quelques casseroles. Il arrive à servir à peu près tiède un grand plateau avec pâtes ou riz, chou, haricots verts, carottes, épinards et une garniture variable : beignets de courgettes, morceaux de poulet, frites. Quelquefois il y a un dessert : ananas au jus, beignets de riz sucrés, toujours une grande portion de soupe en entrée et une tisane de thym ou gingembre à la fin. Abidjo a un magnifique costume de cuisinier qu'il sort quand il est de bonne humeur. Le staff mange après, dans une casserole. Birara fait la vaisselle dans le noir. Les premiers soirs sur la falaise, on termine la soirée autour d'un feu de bois d'eucalyptus, pour se réchauffer.

Pour la route, on a droit chacun à un sandwich quand Braham ne porte pas de casserole. Les premiers jours, il y avait aussi une banane ou une orange. Pour l'eau, on a une bouteille de 1.8 l d'eau de source. C'est aussi bien, parce qu'après Chennek les points d'eau sont peu engageants, j'aurais eu une confiance limitée dans le micropur.

Ethiopie, monts Simien, arrivée à Adi Arkay
Ethiopie, monts Simien, arrivée à Adi Arkay

Ethiopie, monts Simien, arrivée à Adi Arkay

Retour à Gonder

17 février, lever matinal comme pour la montée au Ras Dashen, départ à 5h30 par les sentiers caillouteux dans la nuit sans lune. Toute une foule marche dans la nuit, dans les deux sens. L'aube pointe, on attaque la dernière descente vers Adi Arkay. Une source, des ânes qu'on charge de bidons. Adi Arkay n'a pas d'alimentation en eau ! Encore une demi-heure d'un bon pas jusqu'à la ville. Aux premières maisons, deux gamines m'attrapent, chacune par un petit doigt, et ne me lâchent plus avant le centre.

L'auto est là, mais Melaku le chauffeur est introuvable. Mitu qui comptait sur le départ matinal pour éviter les encombrements de la route en est un peu déçu. C'est l'occasion de me faire laver les souliers. Braham écarte les gamins surnuméraires à grands coups de « Trik, tourist ! » Huit heures, la ville s'éveille, les travaux d'amélioration de la grand-rue démarrent. Melaku se matérialise, il a un problème de batterie. Un passage au garage plus tard, un pontage dans la rue et on est partis par une route avec travaux gigantesques, à la Chinoise, qui serpente entre les collines, descend et remonte dans les vallées.

Ethiopie, monts Simien, route d'Adi Arkay à Debark
Ethiopie, monts Simien, route d'Adi Arkay à Debark

Ethiopie, monts Simien, route d'Adi Arkay à Debark

La route de Wolkafit n'était pas encore finie: on montait à Debark à pied, par le chemin muletier que le déjac Asmalié, gouverneur du Simien, a fait tailler dans un à-pic de pierre au début du XVIIe siècle, sous le règne du négus Iyassou, Un chemin vertigineux, que les voyageurs du XVIIe et du XVIIIe siècle décrivent pleins d'un émerveillement effrayé...

Curzio Malaparte, Voyage en Ethiopie

Aïe, tout d'un coup la route se ferme devant nous, camion après camion vient déverser des rochers sur un pont, un bulldozer étale tout ça, il n'y a qu'à patienter. Enfin on passe, on finit par sortir du chantier. La falaise est loin devant. Une piste monte, monte, contre le rocher à pic, et arrive enfin à un col. C'est celle décrite par Malaparte en 1939. Debark est juste en-dessous du col.

C'est le moment des au-revoirs, brefs, tout le monde vise la douche, mais chaleureux. Une injera-firfir et une Dashen plus tard, je reprends la route avec Melaku, direction Gonder la grande ville.

Une bombe d'insecticide , une grande douche, une Dashen à la terrasse de l'hôtel Jantekel, un bout de wifi pour parcourir les e-mails et téléphoner à la maison, mise en ordre des affaires, injera-mouton du soir, re-douche, lecture des aventures de Malaparte en Éthiopie avec une vraie lampe de chevet, et un gros dodo dans un lit sans cailloux !

Ethiopie, Gonder, Debre Birhan Selassié, église de la Trinité sur le mont de lumière
Ethiopie, Gonder, Debre Birhan Selassié, église de la Trinité sur le mont de lumière
Ethiopie, Gonder, Debre Birhan Selassié, église de la Trinité sur le mont de lumière
Ethiopie, Gonder, Debre Birhan Selassié, église de la Trinité sur le mont de lumière

Ethiopie, Gonder, Debre Birhan Selassié, église de la Trinité sur le mont de lumière

Église et châteaux de Gonder

18 février, journée de tourisme à Gonder. Gismu a un autre programme et me glisse à un guide de l'association locale. On commence par l'église peinte de Debra Birhan Sélassié, la Sainte Trinité sur le Mont de Lumière, construite en 1680. Le mur d''enceinte est garni de douze tours qui servent aussi de cellules pour les moines, et d'une porte monumentale en forme de lion, qui sert de logement du gardien. Dedans, un parc paisible, grands arbres, vautours, milans noirs, et l'église en torchis et toit de chaume, de plan rectangulaire.

Ethiopie, Gonder, Debre Birhan Selassié, église de la Trinité sur le mont de lumière
Ethiopie, Gonder, Debre Birhan Selassié, église de la Trinité sur le mont de lumière
Ethiopie, Gonder, Debre Birhan Selassié, église de la Trinité sur le mont de lumière
Ethiopie, Gonder, Debre Birhan Selassié, église de la Trinité sur le mont de lumière

Ethiopie, Gonder, Debre Birhan Selassié, église de la Trinité sur le mont de lumière

L'intérieur est entièrement peint, un moine y a mis quatre ans. Quand les derviches Mahdistes ont envahi le pays en 1880, ils ont incendié 450 églises mais ont été chassés de celle-ci par un essaim d'abeilles. Sur le toit, les croix portent sept œufs d'autruches pour les sept sacrements du rite orthodoxe Éthiopien Le plafond de la salle qui se visite est décoré de visages d'anges qui regardent dans toutes les directions. Au mur face à la porte, une grande Trinité et les portes qui mènent à la deuxième salle. Les trois personnages se ressemblent beaucoup, ça doit faire partie de la doctrine. Sur les côtés, une vraie bande dessinée biblique. Le guide est intarissable sur les petites histoires : le sang de la crucifixion qui coule sur le crâne d'Adam pour racheter le péché originel, le passage de Jésus aux enfers. Les gentils sont dessinés avec deux yeux, les méchants de profil avec un seul œil. Et le diable, pourquoi il a deux yeux ? C'est parce qu'avant de devenir diable c'était un ange.

La deuxième salle est ouverte aux fidèles seulement pour les sacrements. La troisième salle n'est accessible qu'aux prêtres, elle contient une copie de l'Arche d'alliance.

Petit déplacement vers l'enceinte des palais. Les rues de Gonder sont pleines de tuk-tuks, qui ici s'appellent des bajajs mais on dit quand-même tuk-tuk. Pepsi Cola sponsorise toutes sortes d'enseignes, en particulier les guérites de police.

Ethiope, Gonder, Fasil Gebbi, l'enceinte royale
Ethiope, Gonder, Fasil Gebbi, l'enceinte royale
Ethiope, Gonder, Fasil Gebbi, l'enceinte royale
Ethiope, Gonder, Fasil Gebbi, l'enceinte royale
Ethiope, Gonder, Fasil Gebbi, l'enceinte royale

Ethiope, Gonder, Fasil Gebbi, l'enceinte royale

Le plus ancien des palais est le plus impressionnant. C'est celui de Fasilidas, construit en 1636. On ne visite que le premier étage. Ensuite il y a les édifices de son fils Yohannes 1er, 1670 (qui ne collectait pas d'impôts et interdisait d'attraper une poule par les pattes) et de son petit-fils Iyassou 1er, 1690. Ces trois palais sont reliés par un passage surélevé. Ensuite il y a les bâtiments de Dawit le musicien, 1720, Bakaffa et Mentewab la régente. Après Mentewab, le royaume de Gonder part en morceaux : complots, empoisonnements, politique plus que Byzantine, un des rois na régné que neuf heures avant d'être assassiné. Suivent nonante ans de guerre civile jusqu'à ce qu'un seigneur de la guerre rassemble les morceaux d'Abyssinie et devienne Théodore II en 1855. Treize ans plus tard, les Anglais lui enverront l'expédition punitive de Napier, suivie par Stanley. Addis Abeba ne sera fondée qu'au début du XXème siècle.

C'est le petit-fils de Fasilidas, Iyassou 1er, qui conquiert de grandes provinces et construit le palais le plus tapageur, et aussi l'église de Debra Birhan Sélassié, mais il s'est retrouvé misérable avec une maladie de peau, soigné par un médecin envoyé en ambassade par Louis XIV, qui lui prescrit le hammam et revient décrire à Paris les splendeurs de la cour de Gonder. Malheureusement le palais de Iyassou a été très endommagé par les bombardements Anglais de 1941. D'autres bâtiments ont été défigurés par l'occupation Italienne de 1937 à 1941.

Pendant que je dessine le palais de Fasilidas, l'enceinte retentit de grands bruits d'appel à la prière. Ce n'est pas le muezzin mais les deux églises orthodoxes du site.

Ethiopie, Gonder, bains de Fasilidas
Ethiopie, Gonder, bains de Fasilidas
Ethiopie, Gonder, bains de Fasilidas
Ethiopie, Gonder, bains de Fasilidas

Ethiopie, Gonder, bains de Fasilidas

Après une excellente pause de midi chez les four sisters, c'est la visite des des bains de Fasilidas, qui a pris le pouvoir de son papa abdicataire Susenyos en 1632. Susenyos était devenu catholique, le peuple n'avait pas suivi, donc guerre civile. Fasilidas fait construire cette grande piscine à deux kilomètres de l'enclos royal pour y rebaptiser en masse les fonctionnaires et les militaires, et tant qu'à faire il ajoute un petit palais au milieu pour avoir un chalet au bord de l'eau.

La piscine est alimentée par un canal depuis la rivière. Maintenant elle est remplie une fois par an pour le fête de l’Épiphanie (pour les orthodoxes Éthiopiens, le baptême de Jésus en l'an 8, début de leur calendrier), où chaque église envoie sa copie de l'Arche d'alliance (l'original est à Axoum), et c'est la grande fête populaire.

Pour faire du mortier, les maçons de Fasilidas brûlaient du calcaire et le laissaient fermenter enterré pendant quatre ans.

La fin d'après-midi et la soirée sont tranquilles, à l'hôtel Jantekel. Gismu passe, explique qu'il n'y a pas d'eau dans les chutes du Nil Bleu, en programme de rechange je pourrais aller visiter le château et monastère de Gorgora sur la rive nord du lac Tana.

Ethiopie, route de Gonder à Bahir Dar et lac Tana
Ethiopie, route de Gonder à Bahir Dar et lac Tana
Ethiopie, route de Gonder à Bahir Dar et lac Tana
Ethiopie, route de Gonder à Bahir Dar et lac Tana
Ethiopie, route de Gonder à Bahir Dar et lac Tana

Ethiopie, route de Gonder à Bahir Dar et lac Tana

Bahir Dar, chutes du Nil Bleu

19 février, déplacement de Gonder à Bahir Dar. Gismu prend plus de 100% de commission sur le prix de la chambre. Le malaise est renforcé quand Melaku refuse platement la variante Gorgora puis me colle dans le bus de Tesari, qui refuse un crochet de 5 km pour un palais classé Unesco sur le chemin.

A l'arrivée à Bahir Dar, c'est le pauvre Abele, étudiant pré-bachelor en tourisme, qui encaisse tout ça, d'autant plus qu'il apparaît que Gismu lui aurait restreint les chutes du Nil pour gratter quelques birrs... Un rattrapage à faire et un point à éclaircir avec Gismu.

Bon, positivons : dîner au Desset Lodge au bord du lac sous un gigantesque figuier, très bon firfir poisson et tant pis pour le carême.

Ethiopie, Bahir Dar, chutes du Nil Bleu
Ethiopie, Bahir Dar, chutes du Nil Bleu
Ethiopie, Bahir Dar, chutes du Nil Bleu
Ethiopie, Bahir Dar, chutes du Nil Bleu
Ethiopie, Bahir Dar, chutes du Nil Bleu

Ethiopie, Bahir Dar, chutes du Nil Bleu

Une heure de massage Amhari plus loin, les chutes du Nil Bleu ne sont pas sèches du tout : l'usine électrique est à l'arrêt pour deux mois ! Il n'y a pas d'autres touristes, le site est vraiment très beau, avec plein d'oiseaux. Abele et Abel écartent les vendeurs de bibelots.

Je me fais une fin d'après-midi tranquille avec une petite promenade autour de l'hôtel. Le soir, pour le souper final, j'essaie le ketfo, tartare au berberé et beurre, et le vin d'Axoum, meilleur que le Gonder mais un peu doux. La nuit est un peu perturbée par la digestion du ketfo...

Lac Tana, presqu'île de Zeghé

20 février, un immodium pacifie le ketfo mais le dernier jour commence par une petite crise. Abel prétend que Gismu n'a pas envoyé assez d'argent, il faut une rallonge de 2200 birrs pour assurer le programme. Gismu est aux abonnés absents... J'avance les fonds et m'expliquerai plus tard avec lui.

Ethiopie, Bahir Dar, lac Tana, caféier à Zeghe, rêve de Jacob à Ura Kidane Mehret
Ethiopie, Bahir Dar, lac Tana, caféier à Zeghe, rêve de Jacob à Ura Kidane Mehret
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Ethiopie, Bahir Dar, lac Tana, caféier à Zeghe, rêve de Jacob à Ura Kidane Mehret

Ethiopie, Bahir Dar, lac Tana, caféier à Zeghe, rêve de Jacob à Ura Kidane Mehret

Abele me colle avec Adana dans un bateau pour la péninsule de Zeghé. Sur le lac il y a beaucoup de petits bateaux de pêche en roseaux. Au débarcadère, Adara se joint à nous et on attaque un quart d'heure de marche agréable dans une forêt avec petites fermes, singes, oiseaux et caféiers jusqu'au monastère d'Ura Kidane Mehret.

Ethiopie, Bahir Dar, Ura Kidane Mehret
Ethiopie, Bahir Dar, Ura Kidane Mehret
Ethiopie, Bahir Dar, Ura Kidane Mehret
Ethiopie, Bahir Dar, Ura Kidane Mehret

Ethiopie, Bahir Dar, Ura Kidane Mehret

L'église du monastère est ronde. Le premier espace annulaire est vide, correspond à un portique à colonnes. Le deuxième espace annulaire contient une construction carrée, qui renferme la troisième et la quatrième salle, pas accessibles au public. Toute la construction carrée est couverte de peintures, de nouveau une grande bande dessinée biblique. Le trésor est malheureusement fermé pour le carême.

Au retour, on passe dans l'exutoire du lac vers le Nil Bleu, où Adana dit qu'il y a des hippopotames. Pas de succès, comme lot de consolation il y a un attroupement de grands pélicans blancs devant une pêcherie, puis le bateau me pose au Desset pour un dîner tardif.

Ethiopie, Bahir Dar, lac Tana
Ethiopie, Bahir Dar, lac Tana
Ethiopie, Bahir Dar, lac Tana
Ethiopie, Bahir Dar, lac Tana

Ethiopie, Bahir Dar, lac Tana

Abele arrive avec une grosse auto Soudanaise, il a pu régler partiellement son différend avec Gismu, me rend en birrs une partie de la rallonge payée en dollars et m'accompagne écouler les birrs en shopping-petits cadeaux. Ça sent un peu l'entourloupe mais je n'ai pas envie de bouder. Ensuite, il me pose à la terrasse de l'hôtel pour une dernière Dashen, un dernier dessin avant le départ pour l'aéroport.

Retour à la maison

Enregistrement sans soucis à l'aéroport de Bahir Dar, salle d'attente spartiate et retard massif de l'avion pour Addis. Ce n'est pas grave, le transfert à Addis est long, et l'aéroport d'Addis n'est pas l'endroit le plus sympa pour tuer quatre heures. Au moment du départ, c'est le chaos complet au contrôle de sécurité, mais on finit par embarquer avec un retard substantiel. La nuit est un peu dure dans cet avion plein, avec trois mecs carrés dans la même rangée, celui du milieu un peu claustrophobe.

A Vienne, c'est la course : dix minutes entre le débarquement et l'heure théorique d'embarquement pour Genève : couloirs, immigration, contrôle de sécurité, bus de transfert et re-couloirs. Contre toute attente, j'y arrive, mais pas mon bagage, qui me rejoindra à Lavaux le lendemain. Et une bonne surprise à la porte d'embarquement : surbooké = surclassé ! Et je reprends contact avec la neige de février devant un bon Frühstück business de Tyrolean airways, avec juste un regret pour la tenue des assistantes de vol qui ne portent plus la culotte Tyrolienne comme en 95.

Retour vers la neige
Retour vers la neige
Retour vers la neige

Retour vers la neige

Passage à Genève, retour à Lavaux dans la grosse chute de neige mouillée. Le lendemain les vignes sont blanches, et j'ai tous les symptômes d'une intoxication alimentaire. Le kefto à retardement, ou le souper à l'aéroport d'Addis ? Mystère.

Et puis...

Un grand merci au guide Mitiku Dessié (mitikudessie07@gmail.com) et à son équipe de randonnée pour leur gentillesse, leur patience et leur enthousiasme. Mitu aime vraiment son métier de guide et le petit monde des Monts Simien, c'est un compagnon intéressant et agréable et un chef d'équipe efficace. Braham le scout était attentionné et toujours jovial même après les nuits froides. Le staff, Abidjo et Birara en tête, a fait les dix jours avec une bonne humeur affichée, bref c'était un plaisir d'être avec eux.

Je suis un peu plus mitigé sur les services de Gismu, mais s'il n'y avait pas eu l'extension touristique Gonder et Bahir Dar, je n'aurais eu aucune raison de ne pas en être content.

Thierry, février 2015

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