Le blog de Thierry Rando

Les renseignements pratiques sont à la fin de l'article!

Pourquoi le Hoggar? L'année précédente, j'avais fait comme ça pour voir du pays une petite randonnée dans le Grand Erg Oriental Tunisien, que des bons souvenirs. J'avais commencé à travailler de temps en temps à Alger aussi, et j'avais envie de voir l'Algérie autrement. Je prends un arrangement pour une randonnée de deux semaines en groupe en mars-avril 2005, et ça tombe sur l'Assekrem et le tassili du Hoggar.

Ce n'est qu'en route que j'ai lu les romans Sahariens de Frison-Roche, et ce n'est qu'après le retour que j'ai lu Théodore Monod et d'autres.

En tout cas, c'était une belle promenade. Un peu facile de dire que le désert c'est parfait pour ceux qui aiment la plage mais pas l'eau. C'est bien plus que ça. L'espace, le chant du vent, la lumière... Et puis, l'Assekrem c'est d'abord la montagne, et les tassilis c'est la dentelle de rochers; le désert c'est très varié, et le découvrir avec Intayent le guide est une expérience magnifique.

Tamanrasset

27 mars, le vol Alger - Djanet - Tamanrasset se passe sans histoire, juste le petit retard réglementaire. A l'arrivée, je trouve Monika qui vient de terminer un trek à Djanet, et Intayent le guide qui nous emmène bivouaquer dans l'Oued Aguenar, juste en amont de l'aéroport.

A l'aube, la vue est belle sur le Pilon. Intayent nous emmène à Tam et nous lâche pour régler ses préparatifs et aller chercher le reste du groupe qui arrive de Paris par vol spécial. Un moment de flottement quand je me rends compte qu'il ne nous a donné ni heure ni lieu de rendez-vous, mais relax, il saura bien nous retrouver. Séance cartes postales, un petit tour de souk, puis un ou deux thés et le voilà qui revient avec Billy, Michèle, Philippe, Marie et Françoise. On retourne tous au bivouac dans l'Oued Aguenar.

Intayent nous présente l'équipe: Abdelkrim le cuisinier, Abed, Sidi Ali et Abdelkader les chameliers. Abdelkrim nous a préparé des brochettes et des salades, repas sur le sable, sieste, chargement des chameaux et départ pour une petite étape de l'après-midi.

On remonte l'Oued* Aguenar qui serpente entre des collines de cailloux, on passe un petit col pour arriver sur un plateau avec vue sur des formations de basalte.

On passe à côté d'une mosquée: contour marqué par des pierres au sol, pas de mur mais les pierres tracent un rectangle avec une entrée à l'ouest et un mihrab à l'est.

Oued Otoul, dans les collines rocheuses, avec des gueltas** claires qui invitent à un brin de toilette, à l'écart bien sûr pour ne pas souiller l'eau. Le bivouac est monté sous les étoiles.

* Oued à sec bien sûr!

** Guelta: gouille, flaque d'eau laissée par l'oued quand il a coulé. En Tamachek on dit aguelmane.

Montée à l'Assekrem

28 mars: montée au pied du Tinimrout le long d'un petit oued jusqu'au col à droite de l'Addad et traversée vers l'est à travers des petites vallées bien "vertes": Intayent explique qu'il y a eu une grosse pluie il y a trois semaines.

Abed et Abdelkrim nous rejoignent avec le chameau-traiteur pour la pause de midi.

Il y a des mini-huttes en pierre. Les bergers y enferment les chevreaux pour la nuit, comme ça la chèvre a plus de lait pour la traite du matin.

Après dîner, on traverse un plateau couvert de boulets de basalte et on descend dans une cuvette couverte de silex avec un gros pâté de basalte devant - le Ventre du Ciel. On continue sur le reg en contournant l'Adrar Idilit pour arriver à l'Oued Belsou, à sec bien sûr mais bordé de grosses touffes d'herbe.

Les chameaux broutent en remuant la queue. Un troupeau d'ânes sauvages se promène au pied de l'Adrar Idilit.

Abdelkrim nous a préparé le couscous pour souper, et le sable de l'oued fait un matelas délicat pour la nuit.

29 mars, on remonte l'oued entre les gros blocs de granit et les bivouacs de bergers, puis on grimpe dans un couloir d'In Taessa, gros massif de granit. On marche au nord-est, on passe un col et on se promène dans un cirque de grosses dalles et blocs de granit.

A la grotte de Tin Meren, il y a des peintures de vaches et d'hommes avec arcs. Autour il y a des géodes, une corne de mouflon.

On repart au nord-est dans des collines de basalte pour retrouver Abdelkrim et Abed avec le chameau-cuisine.

Montée sur le plateau et traversée d'un grand reg avec ânes sauvages et belle vue d'ensemble sur les sommets de l'Atakor: Tamahadjine, Tinra, Aoukenet, Tafdji et Ikneouen, avec le Talhat et l'Assekrem en arrière-plan.

On descend dans une vallée verdoyante avec la grande guelta de Telmest au fond. Remontée des gorges de granit, belles gouilles, envies de baignade... Arrivée sur des grandes collines en granit nu garnies de boulets de granit et bivouac dans un petit oued (à sec) avec ânes.

30 mars: le soleil tape dès le matin - l'altitude. Il y a trois malades dans le groupe: ça sort par tous les trous. Il faut dire que le chameau-cuisine n'a pas de frigo et que le mouton commence à être goûtu. Intayent donne de l'armoise séchée pilée sur une pierre, à avaler comme ça.

Après un reg et des collines caillouteuses avec belles vues sur l'Aoukenet et l'Assekrem au loin, descente dans le vallon de l'Oued Italis, partie amont de l'Oued Outoul: fond verdoyant, ruisseau clair (avec de l'eau!), une impression de hautes Alpes.

Re-passage en collines caillouteuses et arrivée au pied de l'Aoukenet sur un gros tas de rochers avec gravures: Tikomtien.

Passé le col à l'est de l'Aoukenet, voilà l'Ilamane au nord-est, et la première vue directe sur l'Assekrem au nord-ouest. Il y a un rocher avec tifinars* et chameau gravés.

La pause de midi est dans une petite grotte, ombre bienvenue.

Après la sieste, on remonte la vallée, on passe un col avec route, l'Assekrem est devant.

On prépare le bivouac et on prend le thé, puis on attaque la pente pour être au sommet pour le coucher du soleil.

Le sommet, c'est un peu décevant. Ca fait quatre jours qu'on est au calme dans les montagnes désertes, et tout à coup c'est la route, les autos, un peu de monde monté de Tam voir l'ermitage du Père Foucault; pas la bousculade mais la sérénité en prend un coup. Bon, il faut dire quand-même que le coucher du soleil tient ses promesses.

Descente au bivouac à la nuit et souper. Les chameaux ont droit à de l'orge ce soir.

La nuit est un peu dure sur ce bivouac caillouteux, et juste un peu fraîche, pas le froid glacial annoncé.

En continuant la montée, il y a plusieurs autres peintures et gravures.

Au sommet de l'Amazaroudj, c'est autrement plus sympa qu'à l'Assekrem. Il y a une espèce de grand champignon en pierre, mégalithe incroyable. Normalement je ne mets pas la photo qui correspond au dessin, mais là je fais une exception.

Le panorama sur le massif vaut bien celui de l'Assekrem. Au loin, on voit l'Adrar Idilit du bivouac n°3.

Dans la pente en descendant, un olivier tout rabougri.

On descend par des collines caillouteuses, on passe une petite construction carrée en pierres, ancien grenier des sœurs bleues.

Le chameau traiteur nous attend dans une gorge au pied de rochers de formes étonnantes.

Après la sieste, direction au sud en descendant une vallée pas très variée, avec de jolis sommets sur la gauche au loin. On dérange une famille d'ânes. On quitte l'oued pour continuer au sud à travers des collines caillouteuses.

Après une descente dans une vallée (caillouteuse), c'est l'arrivée au bivouac, à découvert, souper et dodo dans le gravier de l'oued.

Mon grand-père me chantait - et je chantais à mon garçon - la chanson du chameau:

Perdu dans le désert immense,

L’infortuné bédouin, bédouin,

N’irait pas loin, n’irait pas loin,

Si la divine Providence

N’allégeait son fardeau, fardeau,

Par un cadeau – par un cadeau.

Ce cadeau précieux,

De la bonté des Cieux,

Ce précieux cadeau,

C’est le Chameau,

Ali, alo…

Refrain : Ali, alo et vive le Chameau,

Voyez comme il trotte !

Ali, alo et vive le Chameau,

Voyez comme il est beau !

Il sait faire la révérence,

Et se mettre à genoux, genoux,

Sur les cailloux, sur les cailloux,

Et sur son dos quand on s’élance,

Aussi léger qu’un daim, qu’un daim,

Il part soudain – il part soudain.

Nez fermé, yeux ouverts,

Des sables du désert,

Il soulève les flots,

De ses sabots,

Ali, alo…

(refrain)

Grâce à cet animal utile,

Chemin de fer vivant, vivant,

De l’Hindoustan, de l’Hindoustan,

On transporte d’un pas agile,

Cachemires et rubis, rubis,

Et des habits – et des habits.

De la gomme et du thé,

Du sucre et du café,

Du riz du cacao,

De l’indigo,

Ali, alo…

(refrain)

Final : Himalaya Java Calcutta Sidi Borina (bis)

Allez, allez, allez, ah ! Ohé !

Allez, allez, ah ! Ohé !

Allez, allez, allez, ah ! Ohé !

Allez, allez, ah ! Ohé !

1er avril: départ au sud sur un reg et des petites collines. On coupe une piste à autos en arrivant à un point de vue. Descente dans une petite vallée et pause du matin sous un gros acacia au bord d'un petit oued. Il y a plein de cages à chevreaux autour et un gros tumulus un peu plus loin. Quand il peut, Intayent évite de poser son sac à dos par terre, il le pend à l'acacia.

Re-départ avec un virage à l'ouest en direction de l'Akar Akar. Le reg basaltique devient un chaos de granit.

C'est une petite matinée, on s'arrête sous un autre acacia au bord d'un oued un peu plus loin. Ca devient plus plat, on sent la sortie des montagnes, Toute la caravane nous rejoint pour dîner.

Au pied de l'Akar Akar, il y a des gravures intéressantes, ET est passé par là.

Après la petite matinée, une petite après-midi: bivouac au sud de l'Akar Akar.

2 avril: on repart direction sud-ouest, on passe un cordon de collines puis un grand reg vers les montagnes. On trouve des signes de civilisation: un 4x4, un troupeau de chameaux, la grande piste de Tamanrasset et une antenne (mais pas de réseau GSM).

On descend dans une gorge, on marche vers l'ouest le long de l'oued, pause de midi.

A l'heure de la sieste, contraste entre le soleil brûlant et le vent frais à l'ombre de l'acacia. Je cherche une température entre-deux en essayant l'ombre d'un chameau, mais ça sent un peu fort...

L'après-midi, la descente continue dans la chaleur montante. Le ciel devient blanc vers le sud, la végétation moins éparse.

De nouveau des signes de civilisation: traces de chameaux dans tous les sens, pistes, une ligne électrique. Dans un gros oued, quelques sacs en plastique (eh oui) et un 4x4.

Petit après-midi, on est arrivés au rendez-vous. Le 4x4 est pour nous, avec Boubakar le chauffeur. Mohamed l'autre chauffeur est resté à Tam, taquiner la gazelle avant le départ dit Boubakar, mais Boubakar est un plaisantin, on le saura bientôt.

Il a apporté le ravitaillement, dont un bélier bien vivant, qu'Abed et Abdelkader ont emmené lui faire son affaire derrière un buisson. Ca tombe bien, le mouton dans les tajines et la chorba devenait très goûtu après une semaine sans frigo.

Le soir, Intayent prépare la taguela, pain cuit sous le sable mais tout de suite sec, pas comme la kessera Tunisienne. Il l'émiette et le mélange avec le tajine qu'Abdelkrim a préparé avec les abats.

La paix du bivouac est perturbée par le tajine qui ne passe pas et quelques bruits de moteur dans la nuit.

De l'Atakor au tassili du Hoggar

3 avril: chargement des autos et au-revoir les chameaux, baraka allahoufik à Abed, Sidi Ali et Abdelkader.

On ne passe pas à Tam, les espoirs de douche s'envolent: départ à l'est à travers le bas de l'Atakor. Le granit cède progressivement la place au grès.

On s'arrête pour des gravures dans un tas de cailloux au milieu d'un reg.

Arrêt surprise, Intayent bondit de l'auto, attrape à la course un fouette-queue, gros lézard à l'air préhistorique. Il n'est pas très content mais repart sans mal.

On passe un village de zeribas, maisons en roseaux.

Arrêt de midi sous un acacia.

Arrêt à Ain Delek, un puits au bord de l'oued. Il s'agit de faire provision pour 4 jours, le tassili est plutôt sec.

Grosse chaleur! Et le tajine ne la veille qui a toujours du mal à passer.

Il y a de l'irrigation et des petites fermes sur 20 km, jardins, palmiers, clôtures. C'est la saison des figues et des raisins. Ensuite, ce sera celle des melons et pastèques.

On termine la traversée des collines de pied de l'Atakor par la descente de l'Oued Foutes et l'arrivée dans la grande plaine de sable. Boubakar teste ses plaisanteries.

Mohamed perd son pot d'échappement, on s'arrête pour la nuit. Boubakar laisse sa grande robe de targui et son taguelmous pour se lancer dans la mécanique.

On n'a pas fait grand-chose de la journée mais on est tous KO. Bivouac sur le reg un peu dur, avec le tajine de la veille qui n'est toujours pas passé.

4 avril: départ dans la plaine au sud-est, c'est de plus en plus sablonneux, avec une falaise sombre au fond. En arrivant à la falaise, une échancrure, on s'enfile dedans et on entre dans une grande vallée avec un erg au fond.

Tiblist, gravures, une girafe poilue, ou vache poilue à long cou.

Après la matinée en auto, la pause de midi au pied de la falaise: colonnes de grès, sable fin et jour blanc.

In Beroum

Après la sieste, yallah, promenade de l'après-midi, départ dans le labyrinthe de pierre d'In Beroum: pavés de grès cuits et recuits, coulées de sable entre les blocs, indessinable. La marche dans la grosse chaleur avec le tajine d'avant-hier qui vraiment ne veut pas passer.

Il fait 36°C sur la gourde, l'eau a un goût de vieux chien.

Philippe qui marche juste devant moi fait rouler un caillou, une belle vipère à cornes se réveille, se secoue et s'en va.

On arrive au bivouac à la tombée de la nuit, crevés et desséchés. Cette fois, le tajine d'avant-hier est entré en rébellion ouverte et sort par tous les trous. Intayent sort ses sachets d'armoise séchée mais j'ai de la chance, on est au bivouac, j'ai droit à la préparation en tisane, fameux, et efficace. Un bon dodo sur la dune pour finir de me remettre sur pied.

5 avril: la tisane à l'armoise a fait des merveilles, je suis tout frais.

On part du bivouac en direction de la falaise, montée dans la dune et promenade dans la forêt de pierre. Le sable est plein de traces de scarabées, gerboises, fennec, vipère.

Des abris sous roche avec peintures rouges: personnages et empreintes de mains.

On retraverse le massif d'In Beroum vers le sud-est pour arriver dans la vallée à côté de Tiblist.

Youf Ahaket / Youffakit

Les autos nous attendent là, et c'est le premier saut de puce par Tin Tarabine jusqu'à Youf Ahaket / Youffakit "mieux que la tente".

A Youffakit, des gravures d'autruches, des vaches (les dames prétendent que ce n'est pas un pis, pas une vache...), chasseurs à grosse tête ronde, girafes et chevaux.

Promenade à travers Youffakit et pause de midi dans une très accueillante grotte, 33°C à l'ombre et mouches.

Grosse agitation tout d'un coup: autos, gentils organisateurs, groupes "découvertes" qui font quelques pas hors de l'auto, que de mouvement!

Quelques rafales de vent font voler la poussière.

Pendant ma promenade digestive, je marche dans un terrier de gerboises: affolement, les petites courent très vite dans tous les sens.

Les rochers autour sont pleins de gravures, un cavalier trop mignon et un éléphant qui a l'air vivant.

Un gros lézard, pas peint, bien vivant, est perché sur un caillou recuit, bleu-noir avec la tête rouge. Il paraît que sa morsure est mortelle, que c'est la petite bête la plus dangereuse de la région.

Et un buffle aux très grandes cornes.

La sieste est finie, on embarque dans les autos, cap au nord-est.

Esselin Trekfen

Sur la plaine de sable, une grande dalle de grès noir, fracturée dans tous les sens, qui affleure au ras du sol, bordée d'ardoises roses et blanches. C'est la dalle des caravanes, Esselin Trekfen: rhinocéros, arrière de taureau, vaches aux belles cornes et regard mélancolique.

Tout près, un gros pâté de grès noir dépasse du sol au milieu du cram-cram.

On repart au nord-est à travers la steppe puis la hammada. Les falaises de Tahaggart se dressent à l'horizon.

Mohamed a des problèmes, son auto consomme plus d'eau que de mazout: arrêts fréquents, nez au vent, capot ouvert. Boubakar complète avec l'eau de la guerba pendue sur le côté de l'auto. Il y a une autre guerba pendue en travers du radiateur, mais celle-là c'est pour boire. Avec l'évaporation, l'eau est moins tiède.

Tahaggart

Arrivée à Tahaggart, "tout au fond", on monte à pied sur la dune pour découvrir les falaises au coucher de soleil, et on rejoint le bivouac.

6 avril: le vent s'est levé pendant la nuit, comme Abdelkrim l'avait dit. Je me cramponne au duvet pour qu'il ne s'envole pas. L'aube est claire, il y a du sable sur les tartines et au fond de la tasse.

Tahaggart, vue depuis l'ouest, comme un château fort en ruines dans les dunes.

Promenade du matin "à la fraîche" (27°C) dans le grand vent parmi les rochers noirs plantés dans les dunes.

Tihettane

On embarque dans les autos, on fait un bout, Mohamed et Boubakar nous posent à Tihettane pendant qu'ils vont chercher de l'eau à une base ravitaillée par camion citerne depuis Tamanrasset: "eau minérale".

Il y a des restes humains pris dans les grès, des os pétrifiés dans le sable, des morceaux de poteries, des outils en cailloux.

Le rocher est érodé par le vent de sable: une dentelle de pierre, aux arêtes tranchantes.

Boubakar et Mohamed reviennent, on embarque pour une grande traversée, 80 km de hammada de Tihettane à Aguelmane Semmerdet entre bleu pâle, gris clair et jaune pâle. L'auto de Mohamed va mieux, Boubakar lui a changé les vis platinées.

Aguelmane Semmerdet

Au bout de la plaine, un gros massif de grès, une vallée avec un peu de verdure, quelques chamelles et chamelons.

On s'arrête pour midi sous un surplomb de la falaise, avec gravures de vaches et girafes, et pierre à cupules.

Aguelmane Semmerdet, "eau fraîche".

Boubakar s'installe sur la pierre à cupules pour préparer les thés.

Sieste dans la grosse chaleur malgré les mouches.

Dans la grosse chaleur de l'après-midi, on monte à pied dans le massif jusqu'à un point de vue du sommet vers le nord-ouest sur le plateau de Tagrera.

Tagrera

Après la descente et l'embarquement dans les autos, saut de puce vers l'est et installation du bivouac sur les dunes de Tagrera, au milieu des champignons de pierre.

Intayent, interrogé sur ses préférences rando à pied / chameaux ou sauts de puce / autos, dit sans hésiter à pied / chameaux. Boubakar suggère malicieux que c'est parce que l'agence lui loue ses chameaux, les autos sont aux chauffeurs...

Comme Abdelkrim l'avait prévu, le vent se lève pendant la nuit.

7 avril: après un très beau lever de soleil dans les dunes, champignons de pierre et sable qui file dans le vent, marche au nord dans l'erg: montées, crêtes de sable, descentes impressionnantes entre les pâtés de grès, dans le grand vent et le sable qui vole.

En quittant Tagrera, on voit les dunes de plus en plus hautes et raides. Les falaises de Tin Akacheker se dressent, les Djenouns crient entre les pitons. Une dernière dune, un col et on descend derrière les falaises.

Tin Akacheker

Sous les falaises de Tin Akacheker, on est un tout petit peu abrités du vent pour la pause de midi: cocktail El Golea avec sirop jaune et El Golea avec sirop vert, sable dans les salades et dans le thé.

Pendant la sieste, Boubakar me montre les échecs Touareg: douze cailloux, douze morceaux de charbon, vingt-cinq trous dans le sable. Chacun son tour bouge un pion, en avant, en arrière ou de côté. On ne passe pas son tour. On prend en avant, en arrière ou de côté. On peut bouger de deux cases si c'est pour prendre.

Une dernière promenade dans les grandes dunes - ramla kebira, de belles perpectives de sable et de rocher, une belle arche de pierre perchée tout en haut d'un massif de rochers.

Aates

On remonte dans les autos pour quelques kilomètres vers le nord, puis un détour par le vallon d'Aates: cirque de pitons et guelta chouia boueuse.

8 avril: joli lever de soleil venteux et avec mouches dans le vallon, puis promenade dans les falaises et les couloirs parmi les traces de mouflons.

Explications de Boubakar sur le oula-oula, oiseau légendaire du Sahara: il est comme le moula-moula mais le mâle a les parties privées qui dépassent dessous. Quand il se pose, il fait "oula, oula".

Aates, la grotte des mouflons, deux yeux dans la falaise, un couloir les relie.

El Ghessour

Dans les autos, on traverse le plateau d'Aates à El Ghessour, guelta au fond des gorges.

Promenade de descente des gorges dans la chaleur de la fin de matinée: éboulis, gueltas et passages étroits. On finit par sortir des gorges dans le lit de l'oued entre deux plateaux bas.

Pause de midi et sieste sous les acacias avant de prendre la route du nord.

Avant de partir, Intayent nous fait la surprise d'une grotte monumentale juste à côté de la place de pique-nique: vaches avec tête trois quarts de face, autruches intéressantes.

Puis yallah, direction nord-ouest sur une piste caillouteuse, massage targui.

Ighar Gar

Le dernier bivouac est dans un grand lit d'oued, dominé par une arête magnifique.

Pour le dernier soir, Intayent nous prépare un gâteau, cuit sur le sable et sous la bassine à tout faire couverte de braises.

Il y a plus de vie: visite après souper d'une mante religieuse puis d'une ENORME araignée. Restons zen, ces petites bêtes n'ont pas de raison d'entrer dans les sacs de couchage...

9 avril: on charge les autos et départ au nord. L'arête de l'Ighar Gar, si pointue vue de face depuis le bivouac, est une longue crête vue de côté.

Retour à Tamanrasset

Deux heures de piste au nord et arrêt de midi au bord de la grande route, en vue de l'Atakor.

On repart pour le dernier bout: tout de suite des villages en dur, croisement de camions... et les sacs en plastique. Théories de Boubakar sur l'occupation des Nigériens.

Arrivée au "camping" à Tamanrasset, un fondouk charmant avec petites chambres sobres tout autour de la cour, bâtiment central avec DOUCHE.

Avec la chaleur, depuis Aguelmane Semmerdet, ça commençait à cocotter dur dans l'auto.

Signal d'antenne GSM, téléphone à la maison.

Après la douche, virée en ville. Le souper de gala est un peu décevant, poulet frites, fait regretter la cuisine d'Abdelkrim (mais pas le tajine d'abats de bélier).

J'essaie tant bien que mal de repérer le parcours sur la carte, avec l'aide d'un boutiquier qui vend une photocopie de photocopie de schéma des sites du tassili. Ce n'est qu'après que j'ai trouvé sur le ouèbe un jeu de cartes Américaines de 1954: http://www.lib.utexas.edu/maps/ams/north_africa/.

Retour au fondouk, au-revoir à Intayent et au groupe qui va se coucher. Moi, pas de dodo ce soir, j'ai l'avion pour Alger vers 2h inchallah. Boubakar me fait un thé et la conversation, puis m'emmène à l'aéroport.

Retour à Alger au petit matin, froid, pluie et bourrasques de vent... Petite plaisanterie des collègues, ils m'ont pris un rendez-vous pour tout à l'heure. Retour au business.

Hoggar pratique

Pour rentrer dans l'ambiance sans trop se fatiguer: les romans Sahariens de Roger Frison-Roche: La piste oubliée, La montagne aux écritures et Rendez-vous à Essendilène. Seulement La piste oubliée est vraiment Hoggar mais on ne va pas faire dans le détail. On les trouve tous les trois en un seul volume, Bivouacs sous la lune.

Pour une lecture plus précise, je recommande absolument Le Hoggar de Claude Blanguernon (Arthaud), se trouve d'occasion sur internet. Et puis Méharées de Théodore Monod, à mi-chemin entre le manuel d'histoire naturelle et le récit de voyage.

La randonnée était organisée par Club Aventure. Elle existe toujours dans leur catalogue, mais en deux tranches de neuf jours: http://www.huwans-clubaventure.fr/recherche/continent/afrique/pays/algerie?rewritted=true En fait, ils sous-traitent à une agence sur place. Là, c'était Hoggar Soleil, mais je ne trouve plus leur référence. Les principaux sites du tassili du Hoggar sont regroupés en parc national, en principe ça se visite seulement avec un guide. De toute façon, il est peu recommandé de partir sans guide, que ce soit dans l'Atakor ou dans le tassili, et puis il faut faire vivre l'économie locale. Le service est assez standard et les Algériens sont (dans ce secteur en tout cas) très réguliers en affaires, il n'y a pas beaucoup de risque à traiter avec une agence répertoriée à l'office du tourisme de Tamanrasset ou de Djanet. Je recommande en tout cas mes amis de Youf Assaouadt http://www.youfassaouadt.com/index.php?option=com_content&view=article&id=61c avec qui je suis allé quatre ans plus tard au tassili des Ajjers. Ils opèrent aussi sur Tam.

Après cette promenade, je suis beaucoup retourné à Tam pour le boulot. En décembre-janvier il peut faire carrément froid, là en mars-avril le temps était super mais il y avait beaucoup de mouches. En juin-juillet-août c'est souvent brouillé. La plus belle saison je crois est octobre-novembre.